Il est plus souhaitable d’être qualifié par notre pensée que par nos actes. La pensée est secrète, elle ne transperce pas les cœurs du moins quand on ne l’expose point à l’oral. Bien que notre pensée nous soit intime, elle nous est néanmoins infidèle puisque les mots que l’on pose sur elle par leurs significations sont porteurs de préjugés mais également d’expressions toutes faites qui la trahit dans son cheminement. Si le langage trahit la pensée, notre réflexion peut la sauver de cet affront ; elle nous permet de nous approprier une langue initiée par la contrainte de l’environnement et façonnée par la société dans laquelle on évolue. Cependant, en parlant, il est courant que les mots que l’on prononce puissent déformer et altérer notre pensée. Ce sont ces maladresses de la langue qui nous causent préjudice et l’impossibilité de les corriger totalement, puisqu’elles sont publiques. Le dire s’oppose-t-il réellement à l’acte ? Ou bien sont-ils tout deux responsables des mêmes mœurs ? L’acte est, de même que pour le dire, ineffaçable : il reste dans les mémoires et aide à façonner l’image de l’autre qui ne dépendra que selon si ses actions sont considérées comme « bonnes » ou « mauvaises » par la société. S’il ne trahit pas notre pensée, il trahit nos sentiments ; trop forts pour ne pas être exprimés et trop importants pour être ignorés. De ce fait, ce qui nous transcende et nous porte préjudice n’est ni le dire ni les actes mais les sentiments qui les justifient et les provoquent. Ceux-là nous dictent tels des anges vers le renom, et tels des démons vers le mépris. Bien évidemment, il nous est utopique de pouvoir les contrôler, mais laissez-nous rêver…