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Coeur mécanique

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tome 1, Chapitre 7 tome 1, Chapitre 7

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Blanchehaie

AdossĂ© au mur, Aeneas, les bras croisĂ©s, observait le fils de la baronne, penchĂ© au-dessus de son plan de travail. Des mèches brunes tombaient sur ses yeux ; il pinçait les lèvres et lisait un parchemin. Le sĂ©nĂ©chal se surprit Ă  l’admirer un peu trop longtemps. Se forçant Ă  s’arracher Ă  sa contemplation, il donna deux coups sur la porte en bois qui avait Ă©tĂ© laissĂ©e ouverte.

Uwen mit quelques secondes pour tourner la tĂŞte vers Aeneas.

— Votre grâce, le salua celui-ci.

Le jeune homme fronça les sourcils et fit une moue.

— Ne m’appelez pas ainsi.

— C’est pourtant votre titre.

Aeneas ne bougea pas de sa place, attendant d’être invité à entrer. Cependant, Uwen reporta son attention sur son travail.

— Puis-je entrer ?

— Bien sûr, fit Uwen avec un geste de la main. Vous n’avez pas besoin de me demander l’autorisation à chaque fois.

Aeneas s’autorisa un sourire en rejoignant l’inventeur. Il en profita pour observer l’objet qui le fascinait autant. C’était une sorte de statue en métal, représentant un chien. Un entrelacs de tiges et de fils épais formait son corps, ses pattes ainsi que sa tête. Ses yeux étaient deux opales ternes. Il était figé dans une position de sommeil, comme un chien normal. On s’attendrait presque à ce qu’il bondisse et réclame une friandise à son maitre.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il.

— Un cadeau de mon grand-père. Il avait cet objet dans sa cave depuis une expédition qu’il avait menée dans les Terres Désolées. Je pense que c’est un automate, mais je ne sais pas comment l’activer. J’ai demandé à Thafu s’il pouvait passer pour l’examiner et me donner ses conseils de spécialiste. Il ne devrait pas tarder.

— Pourquoi pourrait-il vous aider ?

Uwen leva un regard surpris sur le sénéchal, comme si c’était l’évidence même.

— C’est un excellent forgeron et un ingénieur de talent. Vous avez vu comme moi le cercueil de verre qui a préservé Blanche.

— Comme si je pouvais l’oublier, murmura Aeneas.

Heureusement pour lui, Uwen ne perçut pas cette remarque dĂ©placĂ©e. Le sĂ©nĂ©chal se tança mentalement. Il devait contrĂ´ler ses rĂ©actions. Uwen et Blanche Ă©taient fiancĂ©s ; sa jalousie n’avait aucune place dans cette histoire. L’inventeur continua Ă  examiner le parchemin comme s’il avait oubliĂ© sa prĂ©sence. Aeneas ne s’en formalisa pas : il connaissait Uwen depuis un an et s’était habituĂ© Ă  sa facilitĂ© Ă  occulter tout ce qui pouvait le dĂ©tourner de sa tâche. Cependant, il n’était pas lĂ  pour une visite de courtoisie.

— Votre mère m’a demandé de vous informer du résultat de sa réunion avec Enguerrant.

Uwen leva les yeux au ciel.

— Pourquoi persiste-t-elle Ă  vouloir que je m’investisse dans le gouvernement ?

— Sans doute parce que vous êtes son héritier…

Le jeune homme se tourna vers lui et croisa les bras, prenant un air défiant. Aeneas soutint fermement son regard. Il avait beau respecter et apprécier le jeune homme, il le trouvait parfois immature.

— Très bien, lâcha-t-il. Qu’a donc dit cet idiot ?

Aeneas rit de bon cœur. Uwen ne faisait qu’exprimer ce qu’il avait violemment pensé pendant toute la réunion.

— Il n’a fait qu’insister sur l’intérêt des jeux et leur importance pour les caisses du royaume.

— Pour les siennes, vous voulez dire.

Aeneas haussa un sourcil impressionné.

— Ce n’est pas parce que cela ne m’intéresse pas que je ne comprends rien à la politique, sénéchal, rétorqua-t-il avec mauvaise humeur.

— Je vois ça. Votre mère lui a demandé un rapport complet sur l’organisation des festivités, ainsi que sur les gladiateurs. Elle a interdit les combats à mort.

— Cela n’a pas dû lui plaire.

— Non. Mais il s’est bien gardé de le lui dire.

— Blanche se rend tous les jours dans les dortoirs des garulfs, avec Dame Hermeline, fit-il, d’un ton pensif.

— Je sais. La baronne tient à ce qu’ils soient bien traités. Sous le règne du baron Amphéus, c’était loin d’être le cas. Je crois que votre mère essaie de racheter les erreurs de son époux.

— J’aurais dû être là, quand…, murmura Uwen. Heureusement que vous l’avez aidée. Je ne saurais vous exprimer toute ma gratitude.

Ă€ la mention des Ă©vènements tragiques qui avaient ensanglantĂ© le palais, le cĹ“ur d’Aeneas se serra. Les hurlements, les supplications, le visage sanglant et blafard de la baronne et l’image d’AmphĂ©us se vidant de son sang sur le sol resteraient Ă  jamais gravĂ©s dans sa mĂ©moire. Aeneas les avait dĂ©couverts dans les appartements du souverain : le baron AmphĂ©us, dit Barbe Bleue, sur le sol, une dague plantĂ©e dans la poitrine ; la baronne, sanglotant Ă  genoux sur le sol.

— Je n’ai fait que mon devoir, souffla-t-il.

Il n’avait pas Ă©tĂ© assez vigilant ; il aurait dĂ» voir, comprendre ce qui se passait. Depuis un an qu’il Ă©tait au service du baron de Blanchehaie, il s’était attachĂ© Ă  la baronne et avait Ă©tĂ© tĂ©moin des malveillances de son Ă©poux envers elle. Le baron Ă©tait non seulement manipulateur et jaloux, mais c’était un souverain injuste et autoritaire. Pourtant, jamais il n’aurait imaginĂ© sa violence. L’horreur gisait sous leurs pieds Ă  tous et nul ne s’en Ă©tait aperçu. La voix d’Uwen l’arracha Ă  ses pensĂ©es.

— J’aimerais pouvoir l’aider davantage. Je sens qu’elle souffre. Cette maudite cicatrice…

— Ce qu’elle a vécu… Je ne saurais vraiment dire la profondeur de son traumatisme.

Le jeune homme soupira.

— Cela fait des mois que cela dure, sans aucun progrès.

— Elle a vécu l’enfer.

— Je sais bien. Pourtant, ne devrait-elle pas aller mieux, avec tous les soins de Dame Hermeline… ?

Le jeune homme rivait un regard triste par delĂ  la fenĂŞtre de son laboratoire ; Aeneas sentait sa frustration et sa crainte dans sa posture. Il devait se sentir aussi impuissant que lui. Regarder sa mère souffrir ainsi, sans pouvoir rien y faire, devait ĂŞtre un tourment sans nom. La blessure au visage de la baronne avait Ă©tĂ© soignĂ©e, mais elle ne cicatrisait pas, malgrĂ© les baumes et les crèmes.

Derrière sa voilette qu’elle portait toujours en public, dans ses robes noires qu’elle ne voulait pas quitter, pâle et maigre, la baronne ressemblait à un spectre.

— Vous faites tout ce qu’il y a à faire, assura Aeneas.

— Pourtant, je n’ai pas l’impression de l’aider.

Aeneas hocha la tête d’un air désolé. Uwen se sentait perdu et son impuissance lui pesait davantage de jour en jour. Il frissonna en pensant à sa mère en danger de mort aux prises avec son époux violent, à ce qu’elle avait découvert dans le sous-sol du palais, dans lequel elle avait vécu sans se douter de rien pendant des années : toutes ces femmes assassinées dont les vestiges avaient été conservés par le baron, des femmes du peuple, des paysannes, des servantes.

Sa mère les avait découvertes, un jour où, attirée par la curiosité, elle avait voulu entrer dans cet endroit qu’il lui interdisait. Il avait deviné son incartade et avait failli la tuer. Elle en avait réchappé de justesse, avec une plaie en travers de son visage, une blessure qui ne guérissait pas, à l’image de celles qu’elle gardait au fond d’elle.

— Blanche doit être avec ma mère. Elle connait un baume, une recette qui lui vient de sa mère. J’espère que cela aidera la mienne.

Le visage d’Aeneas se ferma alors que le serpent de la jalousie le mordait profondément. À l’époque où sa mère cachait Uwen aux yeux de la cour, il était l’un des rares au courant de son existence et l’avait rencontré plusieurs fois, quand il avait accompagné sa mère. Il s’était pris d’affection pour ce jeune homme un peu distrait, qui passait son temps dans son laboratoire. Puis l’affection était devenue un sentiment plus profond, auquel Uwen n’avait jamais répondu.

Aeneas avait des difficultés à supporter que cet amour soit offert à la jeune femme. Pourtant, il n’avait rien contre elle. Il était avec Uwen lorsqu’ils avaient croisé les dywengars dans la forêt. Il avait été horrifié en apprenant ce qui était arrivé à cette douce jeune fille.

Secouant la tête comme s’il s’arrachait à ses mauvais souvenirs, Uwen adressa un grand sourire au sénéchal.

— Merci pour tout, Aeneas. Vous êtes un ami précieux.

La chaleur qui envahit le vallois Ă  ces mots le laissa pantelant. Quelque chose dut se lire sur son visage, car Uwen le considĂ©ra attentivement, interdit. On aurait dit qu’il avait du mal Ă  apprĂ©hender l’émotion d’Aeneas. Puis il rougit et dĂ©tourna les yeux. Aeneas reprit contenance ; cependant, cette rĂ©action inattendue provoqua un sursaut d’espoir.

— Merci, votre grâce.

Uwen sourit sans le regarder et Aeneas le trouva magnifique à ce moment précis, sous la lumière diffuse des lampes.

— Je vais me remettre au travail. Merci d’être passé.

— Bien sûr, votre grâce. Je serai dans mon bureau. J’ai encore beaucoup de travail. Si vous souhaitez parler, n’hésitez pas.

Uwen hocha la tête. Aeneas s’inclina et quitta la petite maison. Il traversa le parc et se hâta de rejoindre son bureau, au deuxième étage du château.

Une fois entré, il ouvrit la baie vitrée et sortit sur le balcon. Il s’appuya à la balustrade et profita de l’air frais. Perché au troisième étage du château, il avait une très bonne vue sur l’ensemble de la ville. Le soleil déversait ses rayons orangés sur les toits et les murailles. Dans deux heures, il laisserait la place aux lunes, qui feraient miroiter les toits.

Le regard d’Aeneas fut attirĂ© par les arènes, Ă  l’ouest de la ville. Sa paix retrouvĂ©e se volatilisa. Il grimaça et ses iris azur prirent une intensitĂ© fĂ©roce. LĂ -bas Ă©tait emprisonnĂ© son frère. La colère qu’il Ă©prouvait contre sa mère se raviva Ă  cette pensĂ©e. Comment avait-elle pu abandonner son ainĂ© ainsi ? Il pouvait encore entendre sa voix brisĂ©e lors de ce terrible soir oĂą ses certitudes avaient volĂ© en Ă©clats. Le soir oĂą elle lui avait donnĂ© une mission.


Texte publié par Feydra, 5 novembre 2025
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