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(Merci à memenne pour l’idée du nouveau point de vue ^^ )

Le cimetière. Enfin.

Je redonne mes instructions avant de passer le portail : vont-elles enfin entrer dans leurs caboches ? J’ai tout préparé, minutieusement : le parchemin, l’équipement, l’absence du fossoyeur qui vit dans le cabanon à l’entrée. Seul caillou dans ma chaussure : mon équipe.

Vraiment pas de bol. Mes gars habituels n’étaient pas dispos, j’ai dû me rabattre sur des candidats piochés sur un forum. Un forum ! Je ne pensais pas que je tomberais aussi bas...

Mais bon, il parait qu’ils ont de l’expérience. On va bien voir.

Je veux ce trésor.

J’ai eu assez de mal à me procurer les infos nécessaires, à trier la vérité des immondices colportées sur cette crypte. Mais j’y suis arrivé. Ça m’a coûté cher, aussi, surtout pour faire authentifier le parchemin. Mais ça en valait la peine. C’est un coup en or qui me remboursera au centuple ! Près de quatre cents ans que ces richesses patientent sous terre. Les trois zigotos en ont presque bavé, dévorant le parchemin avec leurs yeux brillants, éblouis par ce qu’ils allaient empocher.

La pleine lune est haute dans le ciel, et procure suffisamment de lumière pour qu’on puisse avancer sans difficultés sur le petit pont, malgré la brume. Mais il fait sacrément frais, et je ne suis pas le seul à grelotter un peu.

Le cimetière est curieusement vide, ce soir. Ce qui, soit dit en passant, m’arrange parfaitement.

Un craquement. Sec. Tonitruant. Mais quel est l’imbécile qui ne sait pas marcher en silence ?

Je me retourne, le regard mauvais. Ah, leurs têtes ! Mes mots sont froids comme la mort quand je murmure :

— Mais vous pouvez pas faire moins de potin ! Bon sang, vous voulez pas non plus une trompette, pour être sûr ?

— Pardon, chef.

— Allez, on continue. En si-len-ce !

Les voilà qui se collent à moi, pour avancer... Lamentable. Enfin, on progresse... Oh, pas sans bruit, faut pas rêver ! Mais à pas feutrés, c’est toujours ça.

Nos manteaux frottent contre les pierres, quand on frôle les tombes pour éviter de se faire repérer. On ne sait jamais, c’est la soirée d’Halloween, tout de même. On pourrait croiser un ado ou deux, cherchant à se faire peur avec de pseudos rituels sataniques en tenues gothiques. Bah, juste de quoi emballer la nana et raconter des cracks aux copains le lendemain. Mais en fait, personne. C’est totalement dénué de... vie ? Ah la bonne blague ! Bref. Il ne reste que quelques bougies, certaines encore allumées – noires bien sûr. Quelles conneries ! Et ces odeurs... ! Mais qu’est-ce qu’ils foutent dans la cire, pour que ça pue comme ça ?

Au fond de l’allée, les chênes centenaires masquent les rayons de la lune, malgré leurs silhouettes squelettiques dénuées de feuilles. Je suis obligé d’allumer ma lampe torche. Mais bon, dans ce coin de ce jardin des morts, peu de chance qu’on croise encore quelqu’un. De toute façon, ma lampe est pas très forte, j’y vois presque rien...

Et maintenant ? C’est par où ? Je me remémore le plan : après le caveau, vers l’est. Oui, c’est ça, il faut prendre vers l’est, pour couper au travers de la vieille parcelle. Celle du premier cimetière. Purée, ça se voit, d’ailleurs : il manque des ailes à la moitié des anges et leurs visages sont déformés, rongés par les pluies. Quant aux pierres tombales, elles sont usées, éventrées et recouvertes de lierre. Heureusement, c’est trop vieux pour que quelqu’un s’en soucie encore, on n’arrive même plus à lire les noms !

Je frissonne : c’est vachement humide, par là. Manquerait plus que ce soit un ancien marécage et que j’attrape la crève... La totale !

Les ombres sont différentes, ici. Non... J’ai beau regarder, je ne vois rien. Rien ne m’observe, voyons. Je secoue la tête, effaçant cette idée farfelue d’ombres vivantes. Je veux ce trésor.

Je continue d’avancer, les trois gusses trottinant dans mon dos. Ils m’agacent sérieusement d’ailleurs. Pas fichus de stopper sans me rentrer dedans quand je m’arrête pour réfléchir. Un forum, hein ! Sans rire, c’est la dernière fois. J’aurais mieux fait de ramasser des clodos dans la rue... 

Le gravier crisse sous nos pas. Pourquoi ai-je ralenti ? Je ne sais pas. Surtout qu’au nord, j’entrevois déjà l’imposante bâtisse. Avec mes compères, j’avance lentement. Je crois bien que je sens leur peur : c’est peut-être ça qui me freine. Ridicule.

Merde, y en a quand même pas un que j’entends gémir, là ? Si ?

— Bon, ça suffit !

Je sors le parchemin de ma poche et le tends, son texte bien en évidence, devant eux.

— Dîtes. Vous avez déjà oublié ? Là, relisez ce truc ! Le pognon. Tellement de fric que vous ne pourrez pas le dépenser avant mille ans ! Tout ça, c’est juste là, à quelques mètres !

Ça marche. Oh, regardez cet air penaud... Et cette étincelle de désir qui leur redonne du courage. Bien. On va pouvoir continuer.

Enfin, nous sommes devant les portes de ce fichu mausolée.

Patin de bretzel ! C’est vrai qu’il est impressionnant, ce machin ! La double porte de bois patiné par les intempéries est recouverte de visages aux orbites creuses et aux cris silencieux. Ah. C’est censé éloigner les pilleurs de tombes, sans doute. Mais ça, ça m’impressionne pas. J’y crois pas, moi, à ces histoires d’arcanes et de sortilèges. Que des conneries. Je vais sûrement pas tourner le dos maintenant. Je veux ce trésor.

Après la porte, un large couloir s’ouvre à nous. J’entends les pieds de ces caricatures de pillards racler le sol, serrés et rangés comme des sardines en boîte. Ils ont chacun allumé leur lampe. Faut dire qu’il fait noir comme... dans une tombe ? Hahaha !

On avance doucement. Y a trop de mousses, et même des champignons. Le faisceau des lampes fait fuir les araignées, qui se faufilent entre les os blancs dans les cercueils. Eh beh. Un peu d’entretien, ce serait pas du luxe !

Il faut que je trouve l’escalier. Le parchemin est clair, il faut descendre.

Chierie, qu’est-ce qu’il fait froid ici ! Limite je claque des dents. Derrière moi, les autres ne s’en privent pas. Ou alors ils sont effrayés ? Pfffff, on n’est pas arrivé, avec une bande pareille...

Zut. Un embranchement. Là, j’avoue, je ne sais pas. Hmmm. Voyons, j’ai l’habitude de me promener dans ce genre d’endroits, c’est toujours un peu pareil. Selon la configuration du bâtiment, depuis qu’on est à l’intérieur, je suis sûr qu’on doit prendre à gauche.

Décidé, je pose un pied devant, mais je m’arrête brusquement. Quelque chose me souffle d’aller de l’autre côté. Purée, c’est pas logique... Mais... Ma tête bourdonne. Je ferme brièvement les yeux, pour chasser ce mal de crâne. Puis, tout est clair. Je me suis juste trompé. C’est évident qu’il faut aller à droite !

D’un pas assuré, j’entraîne mes trois compagnons dans un corridor plus étroit. Qu’est-ce qu’il fait sombre et froid. J’en ai mal aux doigts, de tenir cette grotesque loupiotte. Je ne voulais pas m’encombrer, rapport à ce qu’il faudra porter en repartant, mais le modèle au-dessus, ça aurait été plus futé. Bah, c’est bientôt fini. On arrive à une pièce, la porte entrouverte ne tient plus que par le gond du bas. J’entre facilement. Je veux ce trésor.

Merdouille. C’est quoi cette horreur ? Faut être clair, je n’ai pas peur. Mais je suis pas mécontent de sentir mes loustics contre moi.

Une espèce de... quoi, d’autel... en pierre noire brillante s’expose sans vergogne sous nos yeux. Un ramassis de cadavres sculptés, tout emmêlés, en guise de déco. Mais que c’est moche ! Sur la surface luisante du plateau, on dirait bien une vasque. Je sais pas ce qu’il y a dedans, mais c’est pas du thé. C’est poisseux, l’odeur est insupportable. Y a quand même pas eu des cérémonies, ici ? Eh, les ados, vous loupez un truc !

Tout à coup, les lumignons s’allument sur chaque côté ! Bordel, ça m’a fait sursauter ! Et dans ce merdier, y en a un qui ose rire ?

Je me retourne vers mes compagnons : leurs yeux ont du mal à saisir ce qui les entoure, je les sens crispés, tendus comme des cordes de violon. Ah non, ils ne rigolent pas.

Même, le grand là. C’est quoi son nom, déjà ? Ah oui, Kurt. Grand mais peureux, on dirait... Je vois bien, il hésite. Recule. Bascule en arrière. Hurle par dessus un craquement sinistre.

— Relevez-le.

Kurt gémit de douleur, pleure, la morve coulant de son nez. Pathétique. Il tient sa main douloureuse contre lui. Cet imbécile maladroit a réussi l’exploit de se bousiller le poignet rien qu’en tombant. Bravo. Décidément, je suis pas aidé...

— Allez, c’est rien ça. Dehors, tu trouveras plus de toubibs que de besoin, pour soigner ton bobo avec le pognon qu’on va rafler. On continue. Il faut trouver si cette pièce a une autre porte. Allez !

Notre groupe s’éparpille avec précautions dans cette chambre glauque. Du coin de l’œil, je vois Norbert s’approcher de l’autel. Petit, gros, grande gueule, mais il a l’air d’en avoir où il faut. Peut-être le plus doué, dans ce piètre lot.

Quand il arrive près de la vasque, je vois son visage s’éclairer : il a trouvé quelque chose ! Il tourne la tête vers moi, attend mon aval. Il a bien compris qui était le chef. Peut-être bien que lui, je le garderais dans mes contacts. Je l’autorise, hochant la tête immédiatement.

Je le vois tendre sa main au-dessus du liquide graisseux. Au contact de la surface, il se fige. Fronce les sourcils et pince les lèvres. Me regarde encore. Puis son bras plonge jusqu’au coude, lui arrachant une grimace de dégoût. Ça a pas l’air cool, ce truc collant, là...

Mais dans la seconde qui suit, Norbert sourit, arborant fièrement une pierre rouge sang dans son poing dégoulinant. Il ne me déçoit pas. Il a bien compris ce que c’est et glisse le caillou rougeoyant entre les chicots d’un crâne sculpté juste au-dessus.

Clic.

On l’a tous entendu ! Une porte s’est ouverte, quelque part. Tout marche comme sur des roulettes, on va y arriver !

Avec Kurt et Cid, je m’approche de Norbert. Derrière cette monstruosité d’obsidienne, je vois une petite porte. Elle possède une lucarne grillagée sur le haut. Personne ne la touche, mais elle s’ouvre lentement dans un fracas insupportable de chaînes rouillées. OK... C’est vieux et décrépit, ici, mais les mécanismes fonctionnent encore...

Norbert semble avoir un regain d’énergie : il claque sa large patte dans le dos du gringalet qui n’a pas ouvert la bouche depuis le pont. Quel taiseux celui-là.

— Allez, Cid, rends-toi utile !

Pris par surprise, celui-ci me bouscule. Je lâche ma lampe, qui se fracasse au sol. Parfait ! Ah, vraiment parfait ! Mais qu’est-ce qui m’a foutu des boulets pareils !

Mais le Cid n’est pas bête : il ne veut pas me mettre en colère et me donne sa torche.

Il se place dans l’encadrement de la porte, et pose un pied sur la première marche de l’escalier qui descend dans les ombres. Il se contente de l’éclairage qu’on lui offre. Hmm. Pas mal. On en fera peut-être quand même quelque chose, tiens.

Ses pas sont prudents, mesurés, mais je le pousse à avancer plus vite. Y a rien ici. Même si les mousses sur les murs sont bizarres. Rosées, elles basculent dans une teinte d’un vert maladif quand on les frôle. Je décide de faire quand même attention, c’est pas très net tout ça.

J’aperçois le bas de l’escalier, puis Cid qui pose son pied sur la dernière marche.

Et disparaît dans un terrible fracas suintant. Je m’entends crier. C’est quoi cette merde ?

Un bloc de pierres acérées retourne avec dédain dans le mur de gauche. Cid n’est plus qu’une bouillie écarlate étalée sur les pavés.

Je déglutis avec peine. Fais un pas en arrière.

J’entends la grande asperge hurler qu’il en a marre, qu’il fait demi-tour. Je l’entends cavaler dans l’escalier. Puis plus rien. Que se passe-t-il encore ?

Je n’arrive pas à détacher mes yeux de ce qu’il reste de Cid. Kurt revient, sa main bleue et gonflée contre son torse haletant. Il bafouille :

— La porte. La... la porte.

— Quoi la porte ? Tu vas accoucher oui ?

— On peut plus l’ouvrir. T’entends, on est coincés dans ce merdier !

Je me surprends moi-même, je suis d’un calme olympien. Mais je hurle quand même, histoire que ça rentre bien dans sa petite cervelle de moineau :

— Ben y a plus qu’à continuer, alors ! Allez, aux coffres, et on se barre !

Je veux ce trésor.

Je montre l’exemple et saute par dessus l’amas sanguinolent. Dommage, il avait du potentiel.

Nos baskets claquent dans les flaques d’eau. Purée, c’est quand qu’on se réchauffe ? J’avais pas imaginé que l’air puisse être aussi glacial... Le tunnel est plus étroit que l’escalier, mais je crois que je sens un courant d’air.

Une intersection. D’un côté, l’obscurité. De l’autre, un éboulis laisse les pâles rayons de la lune s’insinuer dans le boyau.

Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que Kurt s’élance de toutes ses forces vers cette lumière. Sa course résonne contre les pierres humides, avant d’être engloutie dans un hoquet de surprise.

— Kurt !

Un trou. Un gros trou, sûrement, pour l’avaler ainsi. Profond. Je ne l’entends pas s’écraser. Juste son cri de rage et d’effroi.

Mais vraiment. Putain, j’aurais mieux fait de venir seul. Que des incapables. Là, cette fois, je suis vraiment en pétard ! Je bous littéralement.

Je regarde Norbert. Il ne pipe pas mot. Il n’oserait pas, hein ?

Mais pourquoi il fait si froid ?

Bon.

C’est facile, maintenant. Faut aller de l’autre côté. C’est tellement serré qu’on doit marcher l’un derrière l’autre. Je laisse le petit gros ouvrir la marche. C’est plus prudent, n’est-ce pas ?

Après quelques deux cents mètres d’errance où nous sommes presque courbés en deux, Norbert pousse une porte qui s’ouvre sur une pièce gigantesque. Une cathédrale de pierre. Le cœur de ce mausolée. Des centaines de bougies illuminent des dizaines de coffres. Ça dégueule d’or, de bijoux. Ça brille tellement que j’en suis presque aveuglé.

On... J’ai réussi !

Je me tourne vers mon compagnon, qui cligne des yeux, sourit bêtement. Il a du mal à se convaincre.

— Yesss ! On y est ! A nous la fortune ! Yes, yes, yes !

Mes rires se répercutent sur les murs de la salle et résonnent sous ce haut plafond. Je saute de joie et, dans mon élan, j’empoigne machinalement son bras pour partager cette victoire.

Ma main glisse sur le manteau encore poisseux et le tissu se désagrège en lambeaux filandreux. Stupéfait, j’écarquille les yeux d’horreur. Des plaques de chair ruisselantes se détachent de l’os et s’écrasent au sol dans une odeur pestilentielle.

Je hurle, et m’écarte aussi loin que possible de ce mort vivant. La vasque. Cette cochonnerie de mélasse l’a rongé tout ce temps.

Norbert a maintenant les yeux blanchâtres, vides de vie. Il continue à se décomposer et s’effondre. Ses jambes font des angles curieux et terriblement anormaux. Bon sang, il a même un œil qui s’est barré...

Cette fois, j’ai quand même un peu de mal à refréner les battements de mon cœur et à calmer ma respiration. C’est pas le genre de choses qu’on rêve de voir, hein. Beurk.

... Quelle galère, quand même. Oui, bon, je savais bien que ce serait pas sans danger, mais voilà que je me retrouve seul.

Je vais pas pouvoir embarquer autant que j’aurais voulu, et ça, c’est pas cool.

Tant pis, je vais faire avec les moyens du bord. Je sors mon sac de sport pliable, prévu pour emmagasiner quelques kilos de pierres précieuses. Et puis, mon manteau et mon pantalon cargo (quelle excellente idée, ça !) ont une grande quantité de poches. J’ai bien pensé au sac de Norbert, mais j’ai peur de ne pas pouvoir me déplacer facilement avec deux sacs. Je dois rester prudent.

Fourrant diamants, colliers, pièces, calices et autres richesses étincelantes dans chaque cavité disponible, je vois. J'imagine. Dehors. Demain. Ah, ne plus avoir à monter ces plans foireux. Profiter du sable blanc d’une île privée, palais et piscine compris. Vivre comme un prince jusqu’à la fin de mes jours. Sea, sex and sun, comme dirait l’autre.

Le sac est plein. Merdouille, c’est fichtrement lourd. J’ausculte la nef de pierre, à la recherche d’une autre sortie. Il doit y en avoir une. Obligé.

Un nuage d’air polaire m’engloutit et je frissonne, claquant des dents. Oh oui, une île sous les tropiques, et ne plus avoir froid !

Mais... Si ce courant d’air est arrivé jusqu’à moi, c’est qu’il y a une ouverture, quelque part. Je fais quelques pas, balayant chaque recoin et... là ! Je souris. Je la vois. Une grille.

J’empoigne mon sac – que c’est lourd ! – et je me dirige péniblement vers la grille. Elle est ouverte sur un couloir au sol de terre battue et aux murs lisses et secs. Tant mieux, ça change. J’aurais peut-être moins froid ?

Allez.

Un pas après l’autre. J’ai réussi, je vais pas me plaindre maintenant.

Un pas après l’autre. La sueur me coule sur le front. Je suis pas très costaud, et ce sac est d’un poids ! Je dois sans arrêt changer ma prise, le basculer d’un côté à l’autre, pour ne pas me faire mal.

Un pas après l’autre. Je dois faire une pause. Mais il va jusqu’où ce putain de tunnel ?

Je commence à avoir sacrément soif. Ça fait combien de temps que je suis là-dedans ? Une horrible pensée fait son trou : ma lampe va-t-elle tenir jusqu’au bout ?

Une pause. Respirer. J’ai mal dans les bras. Mon dos n’est plus qu’une masse douloureuse.

C’est quand que j’arrive au bout ? Non, ne pas me laisser submerger par la peur. C’est obligé. Je vais trouver la sortie. Je. dois. la. trouver.

Encore un pas.

Le tunnel fait encore un coude. Encore...

Là ! Devant ! De la lumière !

Non, reste prudent. Se précipiter vers les lueurs n’a pas réussi à l’asperge. Je change encore une fois le sac de côté, et j’avance avec vigilance. Le sol reste toujours affable, les murs lisses ne semblent pas belliqueux. Et cette lumière. Ce n’est pas la lune. Elle est plus dorée, plus chaleureuse. Accueillante. Je m’approche d’une grille entrouverte, et je vois.

Mon sac tombe. Je tombe.

Je hurle. Hurle à m’en casser la voix. Mes mains arrachent des touffes de cheveux, rageuses, désespérées, mais qui s'en soucie? Mes yeux me brûlent, ma bouche n'est plus qu'un désert aride. Je hurle à devenir fou.

La nef aux coffres sagement alignés me nargue de toutes ses splendeurs, et je suis sûr d’entendre un rire discret dans mon dos.

Je voulais tant ce trésor.


Texte publié par Hiraeth, 15 novembre 2025
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