* * *
— Octave, êtes-vous certain de la route à suivre ? Il me semble que nous nous sommes éloignés du sentier...
— Allons, ayez confiance en mon sens de l'orientation. Je connais cette forêt aussi bien que vous votre boudoir.
— Je le sais, néanmoins la nuit tombe et je commence à me sentir mal à mon aise... Je ne suis pas habituée à cette jument. Dans mon boudoir, comme vous dites, je pourrais allumer des bougies et m'affaler sur une méridienne, une position bien plus appropriée dans mon état.
— N'êtes-vous pas heureuse de passer un peu de temps avec votre époux, ma reine ? Nous n’avons eu récemment que peu d’occasions pour nous retrouver seuls, juste tous les deux...
— Tous les trois, mon prince, tous les trois !
La jeune femme, en amazone sur sa monture, caresse tendrement son ventre rebondi. Elle commence à fredonner une berceuse mais s’interrompt au bout de quelques secondes.
— Et même, tous les cinq, Octave, vous oubliez nos chevaux !
— Venant de vous, je m'étonne que vous n'ayez pas déjà comptabilisé les hérissons, les lièvres, les écureuils et...
— LES LOUPS ! Vous les entendez !? Je vous en conjure, rentrons !
Bien sûr, qu'il les entend. Enfin, la meute se révèle, les encercle. Rodé à l'exercice de la chasse, Octave connaît par cœur la danse des loups traquant leur proie. La jument de son épouse renâcle, s'affole, cabre, et sa cavalière tombe au sol. Un bruit d'os qui se brise, puis le hurlement de la jeune reine déchire le crépuscule.
— Voici qui me rend la tâche aisée. Voyez, j'ai presque été trop prévoyant, je n'aurais finalement pas besoin de ceci. Un de nos nombreux cadeaux de mariage, vous vous en souvenez ? J'ai choisi celui-ci car vous sembliez apprécier les pierres précieuses enchâssées sur la garde. Je vous le laisse, faites-en bon usage.
Avec la nonchalance du vainqueur, il jette l'arme, un poignard à double tranchant, aux côtés de la jeune femme recroquevillée sur son ventre arrondi. Prostrée à terre, les drapés oranges de sa robe imbibés de sang, la reine n'a plus la liberté que de souffrir et d'implorer.
— Octave, cessez cette folie, je vous en prie... Je le sens, le bébé, notre enfant, arrive...
Le silence et le dédain, voilà sa réponse. Octave se détourne de la scène et lance sa monture au galop, sans oublier de traîner par la bride celle de son épouse. La reine se meurt, emportant avec elle son héritier.
— OCTAAAAAAVE !!
Les cris s'éteignent, le jour avec eux.
— Octave...
La nuit assombrit sa vision, et les ténèbres le couronnent roi.

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